tions de famille est digne d’être ménagée, quoiqu’on sache que cette surface couvre peut-être un précipice. C’est la crainte d’un tel danger pour mon Alice qui m’a décidée ; je suis déterminée à vous montrer le danger qui vous menace peut-être, à vous faire connaître le caractère réel de M. Elliot. Quoique je sois sûre à présent que vous n’avez nulle intention de l’épouser, on ne sait ce qui peut arriver ; vous pourriez plus tard être entraînée, soit par les convenances de famille, soit par l’estime que vous dites avoir pour lui : entendez donc la vérité pendant qu’il en est temps encore. M. Elliot est un homme sans cœur et sans principes, hypocrite, trompeur, adroit ; il sait prendre l’apparence des vertus et n’en possède aucune ; c’est un égoïste qui n’aime que lui, qui, pour son intérêt, pourrait être capable de cruauté, de trahison, s’il était sûr de ne pas être découvert ; dénué de toute sensibilité, il abandonne sans compassion et sans remords ceux dont il a causé la ruine et le malheur ; car depuis long-temps il a étouffé la voix de sa conscience ; il est aussi incapable de justice que de pitié. Son cœur est noir, vide et glacé ! » Elle s’arrêta à cette vive exclamation d’Alice : « Dieu ! qu’entends-je ? serait-il possible qu’il existât un être
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