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mens de son cousin qu’elle ne l’avait rebuté : dans le temps où elle désirait sincèrement se guérir de sa fatale passion pour l’époux supposé de Louisa Musgrove, elle avait cherché alors à s’attacher à M. Elliot, dont elle avait reçu les soins sans répugnance et même avec douceur. Tout donnait donc à M. Elliot le droit de l’aimer ; il n’avait contre lui que le capitaine Wentworth. Alice ne se demanda pas à elle-même ce qu’elle aurait senti, ce qu’elle aurait fait, si Wentworth n’avait pas existé. Cette recherche était bien inutile ; Frederich était là, ses affections n’auront jamais d’autre objet ; leur union ou leur séparation produirait le même effet, celui de n’avoir jamais d’autre attachement ni d’autre époux.

Voilà quel était le sujet de ses rêveries en cheminant lentement de Camben-Place à Westgate-Buildings ; elle était sûre d’une réception amicale, mais son amie parut sentir plus vivement encore qu’à l’ordinaire le plaisir de la voir ; elle la remercia d’être venue comme si elle ne l’avait pas espéré. Madame Smith la fit asseoir à côté d’elle, et lui demanda des nouvelles du concert. Alice ne demandait pas mieux que d’en parler ; le souvenir de ce jour de bonheur suffisait pour animer ses récits. Sans dire