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restez, il vous raccommodera avec le concert.

— Non ; rien ne peut me le faire trouver supportable, répondit-il avec une expression de mécontentement très-marqué ; le plus tôt que je partirai sera le mieux. » Et il s’en alla brusquement.

Alice le suivait des yeux, et son cœur palpitait de la plus douce joie, un seul mot expliquait sa conduite de cette soirée ; et ce mot, Alice l’a deviné ; il est jaloux de M. Elliot : c’est là le seul motif de sa mauvaise humeur, de son départ, de ce qu’il vient de dire. Wentworth jaloux de son affection ! l’aurait-elle pu croire il y avait quelques heures ? Maintenant elle en est persuadée. Pendant quelques momens, son bonheur fut parfait. Il m’aime, il aime encore son Alice, était-elle près de répéter à haute voix ; mais, hélas ! d’autres pensées vinrent diminuer sa joie. Comment pourra-t-elle le tranquilliser et dissiper cette injuste jalousie ? comment lui faire connaître la vérité ? comment, avec tout le désavantage de leurs situations respectives, pourra-t-il jamais apprendre qu’il est aimé ? Elle ne pouvait le rencontrer que par hasard en public, et dans ces occasions son cousin Elliot était toujours avec elle ; elle ne pensait plus à lui, à ses attentions