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tout d’un coup, en se retournant, elle le vit à côté d’elle, mais toujours grave et silencieux. Il lui dit quelques mots insignifians, et rien de plus. Un changement total frappait Alice. Frederich n’était plus cet homme qui, dans la chambre octogone, lui parlait avec tant de feu, d’intérêt, de bonté : sûrement cette différence si subite avait une cause ; mais quelle était-elle ? Alice pensa à son père ; cependant elle l’avait entendu parler de Wentworth avec éloge : serait-ce lady Russel ? Non, elle feignait d’ignorer qu’il était là. Alice était perdue dans ses pensées ; affligée de se retrouver à peu près comme à Upercross, elle ne parlait pas non plus ; enfin elle essaya de lui dire qu’il ne paraissait pas content du concert.

« Non, non, dit-il d’un ton très-grave, il n’a point répondu à mon attente ; j’avais espéré mieux, beaucoup mieux, et je suis impatient qu’il soit fini. »

Alice fut surprise ; elle avait été fort satisfaite du chanteur italien ; elle prit sa défense assez vivement, cita les morceaux qui lui avaient plu davantage, et parla en amateur de la bonne musique. Il sourit à demi, avec une expression singulière. « Vraiment, dit-il, vous avez écouté la musique avec une attention qui