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geuse résolution, tout avait été inutile, et de moment en moment son espoir s’évanouissait. Son propre cœur l’avait trompée ; et Wentworth, en l’abordant, en lui parlant dans la salle octogone, n’a cédé qu’à la politesse naturelle chez un homme bien élevé ; elle lui avait parlé la première, il n’avait pu faire autrement que de lui répondre : mais son jugement sur Louisa, mais son opinion sur Bentick ! C’était peut-être le dépit qui l’avait fait parler ainsi ; rabaisser la femme qui l’abandonne, blâmer celui qui la lui enlève ! Son émotion, ses réticences, tout ce qui avait ranimé ses espérances les anéantit actuellement ; elle ne comprend plus qu’elle ait pu s’y méprendre, et retombe dans un abattement plus grand encore après sa courte illusion de bonheur.

Le prélude se faisait entendre ; la salle se remplissait de nouveau ; les bancs vides étaient réclamés, et une autre heure de plaisir ou de peine devait s’écouler ; la musique allait enchanter trois ou quatre connaisseurs, faire passer le temps à la plupart des spectateurs, ennuyer ou fatiguer les autres, et pour Alice être un siècle d’agitation et de douleur. Elle ne pouvait quitter cette chambre sans avoir parlé