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témoin ; et, pressée par les questions de lady Russel, il fallut entrer dans tous les détails et répéter souvent le nom du capitaine Wentworth. En le prononçant sa voix tremblait, elle n’osait regarder son amie, et risquer de rencontrer ses yeux pénétrans ; elle prit enfin le parti de lui confier ce que tout le monde pensait de l’attachement que le capitaine semblait avoir pour Louisa, et de la probabilité de leur mariage, si, comme on l’espérait, elle se rétablissait ; quand elle eut dit cela, elle put parler de Wentworth plus librement.

Lady Russel écouta cette nouvelle avec une indifférence affectée, en disant qu’elle leur souhaitait beaucoup de bonheur ; mais le son altéré de sa voix, un léger haussement d’épaules, un sourire moitié gracieux, moitié amer, décelaient, au milieu du plaisir que lui faisait cette nouvelle, une colère intérieure, ou plutôt un profond mépris pour l’homme qui, à vingt-trois ans, avait paru sentir la valeur d’Alice Elliot, et qui pouvait, huit ans plus tard, être charmé par l’insignifiante et petite étourdie Louisa Musgrove.

Trois ou quatre jours se passèrent tranquillement sans être marqués par aucune circonstance que la réception d’un ou de deux bulle-