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portrait, d’ailleurs fort ressemblant, m’avait inspiré une haute idée de votre mérite, et un vif désir de vous connaître. »

Il s’arrêta un moment. Alice, les yeux baissés, ne répondait rien ; mais la douce teinte de ses joues trahissait son émotion : une idée rapide avait agité son esprit pendant que M. Elliot lui parlait ; ce n’était pas le capitaine Wentworth, qui ne s’était jamais rencontré avec son cousin ; mais ce ne pouvait être que son frère, Edouard Wentworth, curé de Montfort, qui la connaissait et la voyait avec les yeux de l’amoureux Frederich. Oui, oui, c’est lui-même, pensait-elle ; mais elle ne put prendre sur elle de le demander.

Son cousin reprit la parole. « Oui, le nom d’Alice Elliot est, depuis bien des années, gravé dans mon cœur ; c’était un charme jeté sur mon imagination, il m’occupait sans cesse ; enfin je connais celle qui le porte : me permettra-t-elle de lui exprimer mes vœux pour que ce nom soit toujours le sien ? » Il parlait bas ; Alice entendit à peine un aveu si positif et auquel elle n’aurait su que répondre ; son attention était, dans ce moment, captivée par d’autres paroles qu’elle entendait derrière elle, et qui lui rendaient celles de son cousin très-indifférentes.