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être lady Russel, qui ne connaissait point M. Elliot avant qu’il vînt à Bath ; ce pinceau n’est-il pas celui de l’amour plutôt que de l’amitié ? L’idée de Wentworth se présenta à sa pensée ; mais il ne connaissait pas plus que lady Russel M. Elliot. Celui-ci ne s’était pas trompé lorsqu’il avait espéré exciter l’intérêt de sa cousine ; il l’était au plus haut degré, ainsi que sa curiosité ; elle le questionna, le conjura de lui nommer la personne qui avait parlé d’elle d’une manière aussi obligeante : ce fut en vain. M. Elliot était enchanté d’être vivement pressé ; mais il s’obstina à ne pas répondre. « Je suis bien aise, lui disait-il en riant, de voir que vous n’êtes pas un être idéal, et que vous tenez de la nature des femmes par la curiosité.

— Oui, je l’avoue ; mais c’est une folie de croire qu’on vous ait parlé de moi si favorablement ; je vois maintenant, vous avez pris ce détour pour me débiter vos incroyables flatteries.

— Vous me jugez mal, ma cousine, reprit vivement M. Elliot ; je suis aussi incapable de vous tromper que de vous flatter ; je vous jure, sur ma parole d’honneur, que quelqu’un qui vous connaît très-bien vous a dépeinte telle que je viens de le dire, et plus parfaite encore. Ce