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sans découvrir, sans apprécier les vertus et les talens d’Alice ; je ne lui connais qu’un seul défaut, c’est d’être trop modeste sur son mérite ; il est impossible qu’elle l’ignore ; toute autre femme qu’elle en serait vaine. Lorsqu’on est accomplie en tout point comme vous l’êtes, l’excès de modestie n’est pas naturel, et…

— Assez, assez, dit Alice en rougissant ; une de mes perfections est de détester la flatterie ; vous ne me connaissez pas depuis assez long-temps pour juger ni mes qualités ni mes défauts ; il vaut mieux traduire le nouveau morceau qu’on va chanter que de continuer cet entretien. » Elle feuilleta le programme pour le chercher.

« Peut-être, dit M. Elliot en baissant la voix, ai-je le bonheur de vous connaître mieux que vous ne le pensez, et cela date de plus loin que vous ne pourriez le croire.

— En vérité, dit Alice vivement, vous m’étonnez beaucoup ; vous ne pouvez me connaître que depuis que je suis à Bath, à moins que vous n’ayez pris auparavant des informations de vos parens, et je doute fort que ce fût alors de moi qu’on vous eût parlé.

— C’est de vous et de vous seule ; j’ai