Page:Austen - La Famille Elliot T2.djvu/143

Cette page a été validée par deux contributeurs.

personne, qui ne manque pas d’intelligence ; mais Bentick est bien au-dessus d’elle : il possède un esprit supérieur ; il a beaucoup d’instruction, et il acquiert chaque jour par son goût naturel pour la bonne littérature. Je confesse que j’ai vu avec quelque surprise son amour pour Louisa ; s’il avait été la suite de la reconnaissance ; s’il avait appris à l’aimer, parce qu’il voyait qu’elle le préférait, je ne m’en étonnerais pas ; mais je n’ai aucune raison de le supposer ; il semble, au contraire, que la sympathie ait agi sur eux en même temps. Je comprends que Louisa, faible, malade, recevant des soins empressés d’un homme aimable, prévenant, sensible, ne pouvait garantir son cœur d’un attachement sincère ; mais que Bentick, dans la situation où il était, le cœur brisé par une douleur vive et récente, soit devenu amoureux de Louisa, cela me surprend. Fanny Harville était une femme très-distinguée à tous égards, et l’attachement de Bentick pour elle était extrême, ainsi que son désespoir lorsqu’il la perdit. Peut-on s’attacher en si peu de temps à une femme si inférieure à celle qu’il devait regretter toute sa vie ? Non, Bentick ne devait jamais l’oublier ! Non, Louisa