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pagne, autour du feu, et ne regardaient ou ne voyaient pas à qui Alice parlait ; ce fut un grand soulagement pour elle ; elle aurait horriblement souffert, si ses parens avaient regardé le capitaine sans le saluer.

Pendant qu’elle lui parlait, le nom de Wentworth, prononcé à demi-voix par Elisabeth à son père, frappa ses oreilles, et l’instant d’après elle vit le capitaine s’incliner en regardant du côté où était sir Walter ; elle comprit que M. Elliot avait jugé convenable de faire apercevoir à Wentworth qu’il le reconnaissait, et elle vit Elisabeth incliner aussi sa tête très-légèrement. Quoique cette politesse fût tardive et peu gracieuse, elle fit plaisir à Alice, qui continua, de son côté, un entretien des plus insignifians ; ils parlèrent de Bath, du concert ; ensuite la conversation se ralentit à tel point, qu’Alice s’attendait à chaque minute que Wentworth allait la quitter ; mais il n’en paraissait pas pressé, et s’il ne lui parlait point, il la regardait beaucoup. Un moment plus tard, il renoua l’entretien d’une manière plus intéressante. « Je m’estime heureux, miss Elliot, lui dit-il avec un sourire gracieux, de vous trouver ici ; je n’ai pu m’entretenir avec vous depuis l’accident de Lyme : que vous