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comme naguère elle y lisait. Elle avait été si troublée la première fois qu’elle l’avait vu, qu’il n’était point étonnant qu’elle n’eût pas découvert ses vrais sentimens sur le mariage de Louisa ; mais à présent elle s’attend à le voir, et elle sent qu’elle aura le courage de l’aborder, de lui parler comme à un ancien ami. Elle s’était convaincue que lady Russel l’avait vu, et que l’histoire des draperies n’avait été qu’un prétexte pour ne pas parler de lui. Sir Walter, chez qui Wentworth allait tous les jours quand il faisait sa cour à Alice ; Elisabeth, qui la raillait sans cesse de sa conquête et de son beau lieutenant, ne pouvaient, ne devaient pas l’avoir oublié au point de ne le pas saluer. L’indignation releva ses forces ; elle se promit de réparer, par ses attentions amicales, les torts de sa famille envers une ancienne connaissance.

Le concert fut fixé au jour suivant ; croyant que ce serait plus tard, Alice avait promis sa soirée à madame Smith ; mais elle ne se fit aucun scrupule d’aller s’excuser auprès d’elle, et de lui promettre une longue visite le lendemain. Son amie y consentit de grand cœur, et lui dit qu’elle aurait été fâchée de la priver d’un plaisir : « J’aime mieux vous voir après