Un jour ou deux se passèrent sans qu’il arrivât rien d’intéressant. Le théâtre et le salon du rassemblement n’étaient pas du goût de sir Walter et de miss Elisabeth ; on y trouvait une société trop mélangée ; leurs amusemens du soir consistaient dans l’élégante, honorable et très-insipide compagnie de quelques vieilles ladys et d’une triste partie de wisk ; cependant sir Walter cédait quelquefois à l’envie de montrer en public sa belle figure et celle de sa fille Elisabeth lorsque quelque artiste renommé donnait un concert. Il en était arrivé un protégé par lady Dalrymple ; c’était une affaire de famille à laquelle il était impossible de manquer, et personne ne s’en réjouissait plus qu’Alice. Fatiguée de ne rien savoir, de ne pas même entendre prononcer le nom de l’homme auquel elle pensait sans cesse, d’habiter le même endroit que Wentworth, et de ne pas plus le voir que s’il eût été à cent lieues, elle attendait le jour du concert avec la plus vive impatience. On disait qu’il serait très-brillant. Le capitaine Wentworth aimait passionnément la bonne musique ; il y serait certainement : il lui semblait que si elle pouvait lui parler et l’entendre, ne fût-ce que quelques minutes, elle lirait dans son cœur,