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ni l’autre n’écoutaient la réponse, remplirent leur entretien. Alice fut convaincue que quelque chose l’occupait péniblement, et qu’il n’était pas à son aise. Lorsqu’ils étaient à Upercross et à Lyme, et que l’occasion de se parler ne pouvait s’éviter, il montrait beaucoup de calme et d’indifférence ; à présent, il tâchait d’être de même, mais il n’y parvenait plus. Quelque nuance imperceptible pour tout autre prouvait à Alice qu’il était changé ; mais comment ? Elle n’aurait pu le dire ; il ne paraissait pas avoir souffert ; ni sa santé ni sa gaîté n’étaient altérées : il parla du ton le plus naturel d’Upercross, des Musgrove. En nommant Louisa, elle remarqua dans son regard, dans son demi-sourire, quelque chose qui n’était ni du dépit ni du chagrin ; ce ne pouvait être du plaisir : il était visiblement embarrassé, mal à son aise. Ah ! pensait Alice, c’est bien toujours lui, c’est Wentworth, incapable de feindre, malgré tous ses efforts, et de déguiser ses sentimens ; il ne veut pas paraître blessé de l’inconstance de Louisa ; mais son cœur souffre et le trahit.

Elle fut peinée, mais non surprise, en observant qu’Elisabeth n’avait pas l’air de le re-