Wentworth paraît, avec plusieurs personnes de sa connaissance qu’il avait rencontrées au bas de la rue et suivies jusqu’à ce magasin. Il fut très-étonné en se trouvant en face d’Alice ; sans doute elle n’était pas moins émue ; mais cette fois elle avait sur lui l’avantage de n’être pas surprise. Le trouble du premier moment, produit par sa présence, était dissipé ; mais il lui restait encore assez à sentir et à cacher ; agitation, peine, plaisir, crainte, espoir ; elle était dans un état qu’on ne peut définir, qui tient à la fois du délice et de la douleur : ah ! oui, du délice ! car pour la première fois depuis qu’elle l’avait retrouvé, elle crut remarquer quelque nuance de ses premiers sentimens. Il avait rougi ; quelques mots qu’il lui adressa en la saluant, et qu’elle entendit à peine, annonçaient de l’embarras, de l’émotion ; il se détourna ensuite de quelques pas, et n’eut pas l’air d’écouter ce que lui disait une dame de sa compagnie ; il paraissait absorbé dans ses pensées ; Alice n’aurait pu décider si elles lui étaient favorables ; ce qu’il y avait de plus positif dans sa manière était de l’embarras.
Après un court intervalle, il se rapprocha d’elle et lui parla encore ; des questions mutuelles sur des sujets indifférens, dont ni l’un