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voir avec une autre femme que la mienne ! Pauvre Sophie ! elle a un rhumatisme sur une jambe, et cela la retient à la maison… Que vois-je tout là-bas ? l’amiral Brand et son frère !… Bon ! ils prennent une autre rue ; je suis charmé de ne pas les rencontrer ; Sophie ne peut les souffrir. Ce sont, je crois, les seuls marins qu’elle n’aime pas ; mais ils m’ont joué un tour pendable ; ils ont débauché le meilleur de mes matelots. Je vous conterai cette histoire une autre fois ; maintenant je vais vous dire… Ha, ha ! voici le baronnet Archibald Drew et son petit-fils ; il nous a vus ; il baise sa main pour nous saluer ; c’est qu’il vous prend pour ma femme, ou que peut-être vous le connaissez ?

— Nullement ; c’est un vieillard…

— Oui, et un homme d’honneur, mais il gâte son petit-fils ; il le garde auprès de lui, au lieu de le mettre sur un bon vaisseau. Ce pauvre Archibald ! c’est aussi pour la goutte qu’il vient ici. Ne trouvez-vous pas, miss Elliot, que Bath est un charmant endroit ? On y vit comme on veut. Je rencontre de mes anciens amis ou camarades dans toutes les rues ; on cause un moment, on se promène en idée sur la mer, on se rappelle les orages, les coups de feu, et l’on revient chez soi, où l’on se trouve