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L’idée de Louisa Musgrove, devenue studieuse et sentimentale, était très-amusante. Alice fut convaincue qu’on ne doit désespérer de rien, et qu’une chute pouvait opérer de grands changemens dans le caractère, dans les goûts et dans la destinée. La conclusion de ses réflexions fut que, si la femme qui avait paru sentir tout le mérite de Wentworth pouvait aussi vite lui préférer un autre homme, elle ne devait pas être long-temps regrettée. Ah ! ce n’étaient pas des regrets qui faisaient battre le cœur d’Alice en dépit d’elle-même, et qui coloraient ses joues en pensant que Frederich était libre encore ! Elle était presque honteuse d’éprouver quelque chose qui ressemblât à une joie insensée ; car le mariage de Louisa ne rendait pas à Wentworth l’amour qu’il avait eu pour elle, ne l’embellissait pas à ses yeux ; tout paraissait être également fini pour elle.

Elle était impatiente de voir les Croft ; mais quand cette rencontre eut lieu, il fut évident qu’ils ignoraient l’événement. Les premières visites de cérémonie furent faites et rendues ; on parla des Harville, des Musgrove, du capitaine Bentick, mais on ne dit pas un mot du mariage.

Les Croft s’étaient logés dans le très-joli quartier de Gays-Street, à la grande satisfac-