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pectable, qu’elle plaignait profondément d’être forcé de descendre de ses grandeurs, et de changer un genre de vie assorti à sa naissance. Il le fallait cependant, cela n’admettait aucun doute ; mais comment, mais de quoi fallait-il se priver ? Lady Russel se creusa la tête pour imaginer des retranchemens, des plans d’économie qui ne fissent pas trop de peine à sir Walter et à sa chère Elisabeth : elle fit les calculs les plus exacts ; rien ne répondait au double but de payer les dettes et de n’éprouver aucune privation trop sensible. Enfin elle fit ce que personne n’avait jamais fait, elle consulta Alice, que son père et sa sœur regardaient comme n’ayant nul intérêt dans cette grande résolution. Lady Russel, qui faisait plus de cas de son opinion, lui demanda son avis, qui entraîna le sien en faveur de la probité contre l’ostentation. La décision d’Alice fut positive et invariable, elle conseilla les mesures les plus rigoureuses, la réforme la plus complète, le plus prompt remboursement de toutes les dettes ; elle n’admettait aucune jouissance que celles de la justice et de l’équité. Elle parla avec tant de force et d’éloquence, que lady Russel fut convaincue ; mais il n’était pas si facile de convaincre sir Walter.