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voulu épargner cette inquiétude. Déjà le dernier printemps, pendant leur course à la ville, il lui avait fait entendre que des réductions dans leur manière de vivre devenaient indispensables. « Je vous prie, chère Elisabeth, lui avait-il dit, de penser à ce que nous pourrions retrancher ; quant à moi, j’avoue que je ne vois pas un seul article dont il nous soit possible de nous passer. »

« J’y penserai, avait-elle répondu avec dignité ; » et, il faut lui rendre justice, elle s’en occupa sérieusement, et proposa enfin deux branches d’économie : l’une, de cesser quelques charités annuelles aux pauvres de leur paroisse, continuées par habitude depuis la mort de lady Elliot, mais qui lui paraissaient très-inutiles ; l’autre, de n’apporter aucun présent à sa sœur Alice, comme c’était leur coutume. Elle ajouta, avec un air contrit, que s’il le fallait absolument, on renverrait d’une année à faire un ameublement neuf au salon de compagnie, quoique celui qui y était déjà depuis trois ans ne fût plus du tout à la mode. Sir Walter, en adoptant les deux premières réductions, dit que celle du meuble lui paraissait impossible, que le laisser encore serait un aveu public de sa pénurie, et qu’il fallait sur