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épouser bientôt son cousin, et désirait qu’il succédât au docteur Schirley dans la cure d’Uppercross ; plus loin, elle avait rencontré son parent Elliot, que depuis si long-temps elle désirait connaître ; il lui avait plu ; elle avait paru lui plaire : Alice se rappelait aussi le regard de Wentworth : mais toutes ces sensations, plus ou moins agréables, s’étaient évanouies ; un chagrin bien réel y succédait : « Ah ! pensait-elle, pourquoi, au lieu de Louisa, n’est-ce pas moi que menace la mort ? mon existence n’est utile ni agréable à personne ; ma perte ne causerait aucune douleur semblable à celle que Wentworth éprouve à présent. Pourquoi faut-il qu’elle meure, elle qui doit être si heureuse, elle qui est aimée, tandis que moi… mais c’est ma faute, ma seule faute ! il m’aimait autre fois comme il aime à présent Louisa.

Absorbée dans ses pensées, elle fit d’abord peu d’attention au capitaine Bentick, qui lui parlait du triste événement avec une profonde sensibilité ; ils étaient trop d’accord là-dessus pour ne pas s’entendre ; tous les deux pensaient au malheur de Wentworth si Louisa succombait, et, malgré l’espoir des chirurgiens, tant qu’elle n’avait pas repris ses sens,