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tradiction ; elle qui prétendait être toujours malade, n’entendait rien à soigner les maux des autres, et s’en ennuyait d’abord : elle allait rejoindre ses enfans qui étaient restés seuls, et se soigner elle-même chez elle dans un bon lit, qu’elle préférait sûrement au matelas par terre qu’Alice avait demandé ; on ne l’avait donc pas même consultée. Elle était restée dans le salon, couchée sur un canapé ; mais lorsque son mari vint lui dire de se préparer à partir, elle jeta les hauts cris, se plaignit avec aigreur et véhémence de ce qu’on l’obligeait d’aller essuyer le premier moment de chagrin et d’émotion de son beau-père et de sa belle-mère, qui bien sûrement attaquerait horriblement ses nerfs ; et les larmes d’Henriette, elle ne voyait pas pourquoi il fallait qu’elle en fût le témoin pendant toute la route ; mais il était décidé qu’on lui réservait toujours tout ce qu’il y avait de plus désagréable ; et certainement elle ne voulait pas se soumettre à cette injustice. Il était beaucoup plus naturel qu’elle restât auprès de la malade qu’Alice, qui ne lui était rien ; c’était elle, et non pas une étrangère, qui devait remplacer Henriette. Pourquoi ne serait-elle pas aussi utile qu’Alice ? D’ailleurs il n’y avait rien