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Bentick obéit ; et Charles ayant trouvé moyen de se dégager de sa femme, tous deux s’approchèrent de Louisa ; ils la levèrent et la supportèrent entre eux deux. Tout ce qu’Alice avait prescrit fut fait, mais en vain ; elle ne donna aucun signe de vie : une légère rougeur sur la tempe fit craindre qu’une pierre du pavé n’eût frappé cette place si dangereuse. Le capitaine Wentworth, ne pouvant plus soutenir ce spectacle, avait la tête appuyée contre le mur, et s’écriait avec l’accent le plus déchirant : « Ô dieu ! dieu ! son père, sa mère, ils n’y survivront pas ; je vais leur donner la mort ! Sa sœur aussi, » dit-il en jetant un regard sur Henriette soutenue par Alice. « Un chirurgien ! s’écria cette dernière, il faut un chirurgien. » Ce mot sembla le réveiller de son agonie : « Oui, oui, Alice, vous avez raison, un chirurgien, et de suite je cours le chercher. » Son tremblement était tel, qu’à peine pouvait-il marcher. Alice le remarqua : « Ne vaudrait-il pas mieux que le capitaine Bentick y allât ? s’écria-t-elle, il saurait du moins où le trouver. »

Aussitôt Bentick laissa le corps inanimé de Louisa aux soins de Charles, et courut à la ville avec la plus grande rapidité. Quant