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cupaient et amusaient les dames, et surtout Louisa, qui se trouvait un goût décidé pour la mer et le séjour d’un vaisseau. Alice, fatiguée de son enthousiasme exagéré, dont elle ne comprenait que trop bien le motif, et se trouvant placée à côté de Bentick, une sympathie de tristesse et de regrets l’engagea à lui parler, et la força en quelque sorte de tâcher de faire connaissance avec lui. Il fut d’abord très-réservé, et ne répondit à ses avances que par quelques monosyllabes polies ; mais la douceur engageante de la physionomie d’Alice et du son de sa voix et de ses paroles, eurent enfin leur effet, et Alice fut récompensée de sa froideur du premier moment. Bentick s’apprivoisa par degrés, ses phrases se multiplièrent ; il parut écouter avec plaisir ce que cette aimable personne lui disait ; il y répondit, et un intéressant entretien s’établit entre eux sur la littérature. Ni l’un ni l’autre n’avait eu depuis long-temps l’occasion d’en parler avec quelqu’un qui en eût le goût ; ils se trouvèrent en rapport sur plusieurs points, particulièrement sur la poésie, qu’Alice aimait, mais non comme le capitaine Bentick, qui en était passionné : il parla avec beaucoup de feu et d’expression des richesses en ce genre des célèbres poëtes mo-