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Gibraltar, mais je n’ai jamais été dans les Indes occidentales ; car nous n’appelons pas, vous le savez, les îles Bermudes et Bahama les Indes occidentales ? »

Madame Musgrove n’eut pas le mot à dire ; elle ne connaissait aucun de ces pays, et ne pouvait s’accuser d’avoir jamais estropié leurs noms.

« Je puis vous assurer, madame, poursuivit madame Croft, que rien ne peut surpasser le bien-être et les agrémens d’un vaisseau de guerre pour la femme du commandant : il est vrai que sur une frégate on est plus gêné, plus resserré, les cabines sont plus petites, quoique toute femme raisonnable puisse s’y trouver très-bien. Je puis affirmer, avec vérité, que les plus heureuses années de ma vie sont celles que j’ai passées sur une frégate. Grâce à Dieu, j’ai toujours joui sur mer d’une parfaite santé, et aucun climat ne m’a été contraire ; j’ai été atteinte du mal de mer le premier jour, mais après cela ma santé a été parfaite. Le seul temps où j’ai cru n’être pas bien, où j’ai connu la cruelle inquiétude du danger, est l’hiver que j’ai passé seule à Déal, quand l’amiral, alors capitaine Croft, était dans les mers du Nord ; il n’avait pas voulu