Page:Austen - La Famille Elliot T1.djvu/128

Cette page a été validée par deux contributeurs.

et la seule peut-être où ses missives n’eurent pas pour motif des demandes d’argent. Son capitaine exigea de lui qu’il leur écrivît une ou deux lettres, et, ne sachant alors que dire, il parla de son chef et de ses camarades, mais cela fut si bref, si mal écrit, si peu intéressant, qu’on y fit à peine attention quand on les reçut. Le nom de Wentworth frappa tout-à-coup mistriss Musgrove, comme étant lié au souvenir de son fils, et lui causa une douleur bien plus vive qu’au moment de sa mort, parce que ses fautes étaient oubliées, et que la lecture de sa dernière lettre l’attendrit extrêmement. Elle se persuada que s’il eût vécu, l’influence de son capitaine aurait agi sur lui et l’aurait corrigé. Son mari fut aussi affecté de ce souvenir, mais d’une manière moins vive, et quand ils arrivèrent au cottage, ils ne purent parler d’autre chose que du pauvre Richard et du capitaine Wentworth ; il est vrai que la musique de leurs filles, semblable à la lyre d’Orphée, dissipa bientôt leur tristesse, et leur fit trouver le plaisir accoutumé au joyeux rassemblement, comme si le pauvre Richard et le capitaine Wentworth n’eussent jamais existé.

Alice ne pouvait en dire autant ; ce nom,