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— Ah ! ma chère, dit-il, pauvre Mlle Taylor ! Voilà une triste affaire.

— Oh ! certainement, reprit Isabelle pleine de sympathie. Comme elle doit vous manquer ! Et à ma chère Emma ! Quelle affreuse perte pour vous deux ! J’ai bien pris part à votre chagrin. Je ne pouvais m’imaginer comment vous arriveriez à vous passer d’elle. J’espère qu’elle se porte bien ?

— Elle va assez bien, ma chère ; je ne suis pas sûr pourtant si l’endroit qu’elle habite lui convient.

M. Jean Knightley intervint alors pour demander à Emma si l’air de Randalls était malsain.

— Oh ! non, répondit-elle, pas le moins du monde. Je n’ai jamais vu Mme Weston en meilleure santé. Papa fait allusion à son regret.

— Qui leur fait honneur à tous deux, répondit-il à la vive satisfaction d’Emma.

— Est-ce que vous la voyez quelquefois ? reprit Isabelle du ton plaintif qui agréait particulièrement à son père.

M. Woodhouse hésita, puis il répondit :

— Pas si souvent, ma chère, que je le désirerais.

— Oh ! papa, comment pouvez-vous parler ainsi ? Depuis leur mariage nous n’avons passé qu’un jour entier sans voir M. ou Mme Weston et souvent les deux, soit à Randall, soit ici et comme vous pouvez le supposer, Isabelle, plus généralement ici. Ils ont fait preuve de l’empressement le plus affectueux. M. Weston est vraiment aussi attentif qu’elle. Si vous prenez cet air mélancolique, papa, vous donnerez à Isabelle une idée tout à fait fausse de ce qui se passe. Tout le monde, bien entendu, comprend combien Mlle Taylor doit nous manquer, mais tout le monde en même temps doit savoir que