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Elle la lui lut comme il aimait qu’on lui lise : doucement et distinctement, à deux ou trois reprises, en y ajoutant des explications relatives à chacune des parties. Il fut particulièrement frappé, comme elle l’avait prévu, par le compliment final.

— Voici qui est très juste et bien dit : la femme, la divine femme. Cette charade est si jolie, ma chère, que je devine facilement la fée qui l’a laissée : ce ne peut-être que vous.

Emma sourit sans protester. Après quelques minutes de réflexion et un soupir, il ajouta :

— Vous tenez ce don de votre chère mère qui écrivait avec tant d’élégance. Si seulement j’avais sa mémoire ! Mais je ne me souviens de rien, même pas de cette charade dont je vous ai parlé ; vous m’avez dit, je crois, ma chère, que vous l’aviez transcrite.

— Oui papa, en effet, elle est écrite à la seconde page de notre cahier ; nous l’avons copiée dans les morceaux choisis. Elle est de Garrick.

— Je me rappelle seulement qu’elle commençait par « Kitty ». Ce nom me faisait toujours penser à la pauvre Isabelle qui a failli recevoir au baptême le nom de Catherine. J’espère que ma fille viendra la semaine prochaine Avez-vous décidé, ma chère, dans quelle chambre vous la mettrez ? Et les enfants ?

— Oh ! oui, Isabelle aura sa chambre comme d’habitude et les enfants seront installés dans la nursery. Quelle raison y aurait-il de faire une modification ?

— Je ne sais pas, ma chère, mais il y a si longtemps qu’elle n’a été ici, depuis Pâques et seulement pour quelques jours ! Pauvre Isabelle ! Elle sera bien triste quand elle arrivera de ne pas trouver Mlle Taylor.

— Dans tous les cas, papa, ce ne sera pas une surprise.

— Je n’en suis pas sûr, ma chère. Pour ma part, j’ai été bien étonné quand j’ai appris qu’elle allait se marier.

(À suivre)