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répondre en embrassant son amie ; la première émotion passée, ses idées se précisèrent et elle dit :

— Vous avez toujours raison. Je suppose, je crois, j’espère qu’il en est ainsi cette fois encore ; mais autrement je n’aurais jamais pu imaginer !… M. Elton, qui pouvait prétendre à la plus brillante des alliances ! Quand je pense à ces vers charmants ! Comme c’est spirituel ! Est-ce possible qu’il ait voulu parler de moi ?

— Il n’y a pas matière à controverse, répondit Emma ; croyez-moi sur parole. C’est une sorte de prologue pour la pièce, de devise pour le chapitre, et le reste suivra bientôt.

— C’est un événement que personne n’aurait pu prévoir ; je n’en avais pas la moindre idée, il y a un mois. Comme c’est étrange !

— Il est rare en effet de voir se réaliser une union si parfaitement assortie ! Votre mariage sera le pendant de Randalls. Il semble bien que la brise d’Hartfield pousse l’amour précisément dans la direction idéale :

« Le véritable amour ne coule pas comme un fleuve paisible. »

Le Shakespeare de la bibliothèque d’Hartfield devrait avoir une longue note à ce passage.

— Est-ce possible que M. Elton soit véritablement amoureux de moi : Un homme de si belle mine ! Entouré de la considération générale comme M. Knightley ! Il est si parfait dans ses fonctions sacerdotales ! Mlle Nash a collectionné tous les textes de ses sermons depuis qu’il est arrivé à Hartfield. Je me souviens de la première fois que je l’ai vu ! Comme je me doutais peu à ce moment de ce qui arriverait ! Les deux Abotts et moi nous avions couru dans le salon pour le regarder passer à travers le rideau ! Mlle Nash arriva et nous renvoya en nous grondant ; elle demeura néanmoins près de la porte vitrée et m’ayant rappelée elle m’autorisa à rester à son côté. Nous l’avons admiré ! Il donnait le bras à M. Cole.

— C’est une alliance que tous vos amis approuveront, du moins s’ils ont du bon sens ; et