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— Oh non ! Comment pouvez-vous me soupçonner d’une pareille duplicité. J’étais le plus malheureux des hommes.

— Pas malheureux au point de devenir insensible à l’ironie. Je suis d’autant plus portée à vous soupçonner que placée dans la même situation, je n’aurais probablement pas résisté à la tentation de mystifier mon entourage ! Nos deux natures ont certains points de ressemblance.

Il s’inclina en souriant.

— Dans tous les cas, reprit Emma, nos destinées sont parallèles : n’allons-nous pas nous unir à deux personnes d’un caractère supérieur au nôtre ?

— C’est vrai, répondit-il avec émotion, du moins en ce qui me concerne. C’est un ange. Regardez-la : ses gestes n’ont-ils pas une grâce angélique ? Observez ses yeux levés vers mon père… Vous apprendrez avec plaisir, ajouta-t-il en se penchant vers elle et en baissant la voix, que mon oncle s’est décidé à lui donner tous les bijoux de ma tante ; ils doivent être remontés à nouveau. J’ai l’intention de faire ajuster un diadème. Ne sera-ce pas magnifique sur ses cheveux sombres ?

— Tout à fait magnifique, reprit Emma d’un ton si cordial qu’il éprouva le besoin de manifester sa reconnaissance.

— Comme je suis heureux, dit-il, de vous voir et de vous trouver si bonne mine ! Pour rien au monde je n’aurais voulu manquer cette rencontre et si vous n’étiez pas venue, je serais certainement allé à Hartfield.

Pendant ce temps, les autres personnes avaient parlé du bébé. Mme Weston venait de raconter que la veille ils avaient été un peu alarmés à son sujet ; elle avait été sur le point de faire chercher M. Perry. Toutefois, au bout de dix minutes, l’enfant avait repris sa tranquillité habituelle. M. Woodhouse prit grand intérêt à ce récit, et exprima son regret que