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amené à envisager notre mariage dans le même esprit que John, les difficultés seraient vite levées ! Je suis amusée par le passage de la lettre de mon frère où il dit que ma communication ne l’a pas étonné : il s’attendait, dit-il, à recevoir une nouvelle de ce genre.

— Si je ne me trompe, votre frère vous soupçonnait de nourrir des idées matrimoniales, mais il ne songeait nullement à moi et ne cache pas sa surprise à cet égard.

— De toute façon, je ne comprends pas qu’il ait deviné en partie mes pensées. Je ne me rends pas compte d’avoir laissé paraître dans ma conversation ou dans ma manière aucun symptôme significatif. Toutefois il devait en être ainsi, à mon insu. J’étais peut-être en effet un peu différent pendant mon dernier séjour ; je n’ai pas joué avec les enfants comme d’habitude. Ces pauvres garçons ont remarqué un soir que « l’oncle Georges paraissait maintenant être toujours fatigué ».

Le moment approchait où la nouvelle devrait se répandre au dehors. Dès que Mme Weston fut suffisamment remise pour recevoir M. Woodhouse, Emma comptant beaucoup sur la douce influence des raisonnements de son amie, résolut de tout dévoiler à son père et immédiatement après aux Weston. Elle s’était fixé une heure sinon, l’instant venu, le cœur lui manquant, elle aurait remis la communication à plus tard ; mais M. Knightley devant venir la relayer, force fut de parler, en s’efforçant de prendre un ton enjoué afin de ne pas augmenter la tristesse de cette révélation par une apparence de mélancolie. Elle pria son père de se préparer à entendre une nouvelle extraordinaire et ensuite, en quelques mots, elle lui dit que si on pouvait obtenir son consentement — ce dont elle ne doutait pas, ce projet ayant pour but d’assurer le bonheur de tous – elle et M. Knightley avaient l’intention de se marier. De cette façon, il pourrait jouir de la