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vous est loisible de deviner l’endroit : Moi, Emma, je te prends, Georges, pour mon époux… et je te donne ma foi ![1].

Emma regrettait souvent de ne pouvoir ouvertement reconnaître le service important que M. Knightley s’était efforcé de lui rendre en lui déconseillant une de ses principales folies : son intimité avec Henriette Smith ; mais c’était un sujet trop délicat, qu’elle ne pouvait pas aborder. Il était rarement question d’Henriette entre eux. Emma était portée à attribuer cette réserve à un sentiment de délicatesse : il soupçonnait sans doute que l’intimité, avec Henriette, déclinait : dans d’autres circonstances, en effet, elle ne se serait pas contentée de recevoir des nouvelles d’Henriette par l’intermédiaire d’Isabelle. Il avait sans doute remarqué l’absence de correspondance directe. Emma éprouvait un véritable chagrin d’être forcée d’avoir un secret pour M. Knightley, et seule la volonté de ne pas aggraver, par des confidences, la triste situation de son amie lui donnait la force de se taire.

Isabelle écrivait souvent et tenait Emma minutieusement au courant : au début, elle avait trouvé Henriette moins gaie que de coutume, ce qui s’expliquait du reste suffisamment par le motif même de la visite et la crainte du dentiste ; mais depuis ce moment Isabelle n’avait rien remarqué d’anormal dans le caractère d’Henriette qui paraissait toujours disposée à s’amuser et à rire avec les enfants. Emma fut agréablement surprise en apprenant qu’Henriette devait prolonger son séjour au delà du terme fixé : M. et Mme John Knightley comptaient venir à Hartfield au mois d’août et ils avaient offert à Henriette de rester avec eux jusqu’à cette époque : ils feraient le voyage tous ensemble.


(À suivre.)

  1. Formule du mariage anglican.