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— Je ne puis imaginer, dit Mme Elton, comment M. Knightley a pu agir avec tant de légèreté à votre égard ! Mon cher Monsieur Elton, il a dû laisser un message pour vous, j’en suis sûre. Knightley est parfois excentrique, mais pas à ce point ! Ses domestiques auront oublié. Croyez-moi, c’est ainsi : cette négligence n’a rien d’extraordinaire quand il s’agit des domestiques de Donwell qui sont tous, je l’ai toujours remarqué, empruntés et mal stylés. Je ne voudrais pour rien au monde avoir un être comme son Harry pour servir à table. Et quant à Mme Hodges, Wright la tient en petite estime : elle lui avait promis une recette et ne l’a jamais envoyée.

— J’ai rencontré W. Larkins, reprit M. Elton, avant d’arriver à la maison et il m’a affirmé que je ne trouverais pas son maître chez lui, mais je ne l’ai pas cru. William m’a confié que depuis le retour de M. Knightley il n’était pas parvenu à l’approcher. Je n’ai pas du reste à me mêler des griefs de W. Larkins et je m’en tiens aux miens : je suis très mécontent d’avoir fait inutilement cette longue promenade au soleil.

Emma résolut de rentrer sans délai : selon toute probabilité elle était attendue à Hartfield. Elle pourrait avertir M. Knightley qui trouverait sans doute le moyen de regagner l’estime de M. Elton.

Elle fut contente, en prenant congé, de voir que Mlle Fairfax se préparait à l’accompagner hors de la chambre et même à descendre jusqu’en bas ; elle saisit l’occasion pour dire :

— Il vaut mieux qu’il ne m’ait pas été possible de parler. Si vous aviez été entourée d’autres amis, j’aurais pu être tentée d’amener le sujet sur le tapis et de poser des questions. Je me serais sans doute montrée impertinente.

— Oh ! reprit Jane en rougissant, vous n’aviez pas à craindre d’être indiscrète. Vous ne pouviez pas me faire plus de plaisir qu’en me témoignant de l’intérêt. En vérité, Mlle Wood-