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Emma dissimula un sourire et dit seulement :

— Si M. Elton est allé à pied à Donwell, il aura eu bien chaud.

— La réunion a lieu à l’hôtel de la Couronne ; Weston et Cole seront là également ; mais on est porté à ne parler que des dirigeants !

— Est-ce que vous ne faites pas une confusion ? suggéra Emma. Si je ne me trompe, la réunion à la Couronne ne doit avoir lieu que demain.

— Oh non ! C’est bien certainement aujourd’hui. Cette paroisse est vraiment une des plus chargées qui soient. Je n’imaginais rien de pareil, d’après mon expérience de Maple Grove.

— Votre paroisse était très restreinte, dit Jane.

— Je ne puis pas vous renseigner à ce sujet.

— Mais il est facile de faire cette déduction, en se basant sur le petit nombre des élèves qui fréquentent l’école patronnée par votre sœur.

— C’est vrai, c’est parfaitement juste ! Intelligente créature ! J’ai souvent pensé, ma chère Jane, que nos deux natures se complétaient : ma vivacité et votre bon sens, n’est-ce pas la perfection ? Je ne veux pas insinuer néanmoins que certaines personnes ne puissent vous juger déjà parfaite, mais chut ! arrêtons-nous là !

Cette dernière recommandation paraissait superflue, car Jane se montrait disposée à se consacrer à Mlle Woodhouse, autant que la politesse le permettait. Au bout de dix minutes, M. Elton fit son apparition. Sa femme l’accueillit avec de spirituels reproches :

— Eh bien ! Je vous fais mon compliment ; vous deviez me rejoindre au début de ma visite et voici plus d’une heure que je suis à charge à nos amies. Vous n’avez pas craint d’abuser de ma patience ; vous saviez que, fidèle à mon devoir d’épouse, je demeurerais à mon poste. Je viens de donner à ces jeunes filles un bel exemple d’obéissance conjugale : elles peuvent être appelées, d’un jour à l’autre, à en faire leur profit !


(À suivre)