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FEUILLETON DU JOURNAL DES DÉBATS

du 19 août 1910 [57]




EMMA


Par Jane Austen


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Traduction de M. PIERRE DE PULIGA


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LI


La réponse d’Henriette fut satisfaisante : elle se montrait également désireuse d’éviter une rencontre qui, dans les circonstances actuelles, ne pouvait être que pénible. Elle ne se livrait à aucune récrimination et ne faisait aucun reproche ; néanmoins, Emma, en lisant entre les lignes, découvrit des traces de ressentiment : du reste, il aurait fallu être un ange pour supporter, sans rancœur, un coup pareil. Une séparation s’imposait d’autant plus. Elle n’eut aucune difficulté à obtenir l’invitation à Brunswick square, et eut la chance de pouvoir la solliciter sans avoir recours au mensonge : Henriette, en effet, désirait depuis longtemps consulter un dentiste, et ce prétexte fut invoqué. Mme John Knightley fut enchantée de se rendre utile : sans avoir pour le dentiste la même considération que pour M. Wingfield, tout ce qui concernait la santé excitait son intérêt et éveillait sa bienveillance. Une fois la chose arrangée avec sa sœur, Emma proposa ce déplacement à Harriett et la trouva très bien disposée. En conséquence, Isabelle écrivit à la jeune fille pour lui demander de venir passer quinze jours à Londres : elle y fut conduite dans la voiture de M. Woodhouse. Le voyage s’effectua dans



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