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exigences de la jeune fille. Il faut pour ne pas s’indigner à l’idée de toutes les angoisses qu’elle a endurées se reporter à la faute initiale et se rappeler qu’elle avait mal agi en acceptant de prendre un engagement.

Il allait être maintenant question de l’excursion à Box Hill et Emma commençait à se sentir gênée ; sa propre conduite avait été si incorrecte ! Elle tenait les yeux obstinément baissés. Néanmoins tout ce passage fut parcouru attentivement, sans donner prise au moindre commentaire, et M. Knightley parut n’avoir gardé aucun souvenir des événements de cette journée.

— Il n’y a pas moyen de chicaner à propos des Elton, observa-t-il, je lui concède le manque de tact de nos excellents amis ! Ses sentiments sont naturels. Quoi ! Elle avait réellement décidé de rompre définitivement avec lui ! Elle se rendait compte de l’incompatibilité d’une pareille conduite avec les égards qui lui étaient dûs… Mme Smalbridge….! De qui s’agit-il ?

— Jane avait accepté d’entrer en qualité de gouvernante chez Mme Smalbridge, une amie intime de Mme Elton, une voisine de Maple Grove ; et, à ce propos, je me demande comment Mme Elton supportera ce désappointement.

— Ne faites pas de digression, ma chère Emma, pendant que vous m’obligez à lire. Nous voici au bout…

— J’aurais voulu que vous lisiez cette lettre dans un esprit plus bienveillant.

— Eh bien ! Je reconnais qu’il s’exprime ici avec cœur : il paraît vraiment avoir souffert lorsqu’il l’a trouvée malade. « Chère, beaucoup plus chère ! » Elle ne lui a pas longtemps tenu rigueur ! « Mon bonheur surpasse mon mérite. » Allons, il se connaît bien ! « Mlle Woodhouse m’appelle l’enfant chéri de la Fortune. » Ah ! vraiment ! La fin est élégante.

— Vous ne paraissez pas aussi satisfait de sa lettre que je le suis moi-même. Néanmoins vous devez avoir meilleure opinion de lui ?

— Il a commis des fautes de légèreté et d’im-