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pérer trouver la même indulgence chez vous et ceux qui de vos amis qui ont eu à se plaindre de moi ? Il faut avant tout que vous vous efforciez de comprendre l’exacte nature de ma position lorsque je suis arrivé à Randalls, pour la première fois : j’avais un secret qu’il me fallait, à tout prix, protéger. Voilà le fait. Quant à savoir si j’avais le droit de me placer dans une situation de ce genre, c’est une autre question ; je ne la discuterai pas ici ; je renvoie ceux qui seraient tentés de me le contester à une petite maison en briques, avec des fenêtres grillagées dans le bas et des volets verts, sise à Highbury ! Je n’osais pas me déclarer ouvertement : les obstacles qui existaient à ce moment-là, sont trop connus pour que je m’étende sur ce sujet. Mais, direz-vous, quel était votre espoir en agissant ainsi ? Sur quoi comptiez-vous ? Sur le temps, le hasard, les circonstances, la persévérance, la santé et la maladie. J’avais remporté une première et difficile victoire en m’assurant sa foi. Si vous désirez d’autres explications, j’ajouterai : j’ai l’honneur, chère Madame, d’être le fils de votre mari et d’avoir hérité d’une disposition optimiste ; et c’est là un héritage qui surpasse de beaucoup en valeur les maisons et les propriétés ! Considérez-moi donc dans ces circonstances, arrivant à Highbury ; et il me faut, à ce propos, reconnaître mes torts, car cette visite aurait dû être moins tardive. Vous vous rappelez que ma venue a coïncidé avec l’arrivée de Mlle Fairfax ; comme dans cette occurrence, c’est vous seule, qui avez été négligée, vous me pardonnerez, j’en suis sûr, immédiatement ; quant à mon père, j’espère obtenir son indulgence en lui faisant remarquer que, par ma négligence, je me suis privé du réconfort de faire votre connaissance. Vous n’avez pas eu, j’espère, pendant la très heureuse quinzaine que j’ai passée près de vous, à me faire de reproche, sauf sur un point. Et maintenant j’arrive à la seule partie de ma conduite, pendant mon séjour chez vous, qui mérite des explications détaillées. C’est avec le plus grand respect et avec l’amitié la plus sincère que je fais allusion à Mlle Woodhouse ; mon père jugera sans doute que