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Grove. Jane ne sera qu’à quatre lieues de Maple Grove !

— Mme Elton est, je suppose, la personne à qui Mlle Fairfax doit…

— Oui, tout est l’œuvre de notre bonne Mme Elton, la plus infatigable, la plus vraie, la meilleure des amies. Elle n’a pas voulu accepter un refus, car au premier abord, – précisément le jour du déjeuner à Donwell, – Jane était absolument résolue à ne pas accepter cette offre ; comme vous le disiez, elle avait l’intention de ne rien décider avant le retour du colonel Campbell et à aucun prix elle ne voulait s’engager pour le moment ; elle fit part de sa résolution à Mme Elton, mais celle-ci, dont le jugement est infaillible, déclara positivement qu’elle n’écrirait pas ce jour-là pour donner une réponse négative comme Jane le désirait : elle attendait… et le soir même l’affaire était conclue ! Jane prit Mme Elton à part et lui dit qu’après avoir bien pesé tous les avantages de la situation proposée par Mme Sukling, elle se décidait finalement à l’accepter. J’ai été mise au courant quand tout fut terminé.

— Vous avez passé la soirée chez M. Elton ?

— Oui. Mme Elton nous avait invités. « Il faut que vous veniez tous passer la soirée à la maison », avait-elle dit pendant que nous marchions sur la colline en compagnie de M. Knightley.

— M. Knightley est venu aussi ?

— Non, il a refusé dès le début ; néanmoins j’ai été étonnée de ne pas le voir, car Mme Elton avait insisté en lui disant qu’elle ne lui pardonnerait pas sa défection. Ma mère, Jane et moi avons passé une soirée très agréable. On est toujours heureux de retrouver de si excellents amis, mais tout le monde était fatigué. Pour être sincère, je dois avouer que personne ne paraissait avoir trouvé grand plaisir à l’excursion. Pour ma part, je garderai un bon souvenir de cette journée et je serai toujours reconnaissante aux amis qui ont été assez aimables pour m’inviter.

— Le fait de la séparation sera très pénible pour Mlle Fairfax et pour tous ses amis, mais j’espère que les avantages de sa situation apporteront une compensation à son éloignement. Elle rencontrera, je n’en doute pas, les égards qu’elle mérite.