à votre tour, soit une pensée très spirituelle en vers ou en prose, originale ou répétée, soit deux remarques modérément spirituelles, soit enfin trois bêtises !
— Oh ! très bien, intervint Mlle Bates, je n’ai pas besoin de m’inquiéter : trois bêtises, voilà justement mon affaire ; je suis bien sûre de dire trois bêtises dès que j’ouvrirai la bouche !
Emma ne put résister au plaisir de répondre :
— Pourtant, Mademoiselle, il peut se présenter une difficulté ; permettez-moi de vous faire remarquer qu’en l’occurrence, le nombre est limité : seulement trois bêtises à la fois !
Mlle Bates, trompée par le ton cérémonieux et ironique, ne comprit pas immédiatement ; quand elle saisit l’allusion elle ne se fâcha pas, mais une légère rougeur indiqua qu’elle avait été blessée.
— Ah ! bien. Je vois ce qu’elle veut dire, ajouta-t-elle en se tournant vers M. Knightley, j’essaierai de me taire le plus possible. Je dois être bien insupportable pour qu’elle ait dit une chose pareille à une vieille amie !
— Votre idée me plaît, se hâta de dire M. Weston, c’est entendu ; je prépare une charade. Dans quelle catégorie une charade sera-t-elle classée ?
— Dans la seconde, Monsieur, j’en ai peur ! Mais nous nous montrerons particulièrement indulgents pour celui qui parlera le premier.
— Allons, dit Emma, une unique charade suffira à libérer M. Weston.
— Je crains que ce ne soit pas très spirituel, elle est trop claire.
« Mon premier et mon second sont deux lettres de l’alphabet et mon tout exprime la perfection. » Comprenez-vous ?
— Deux lettres ! reprit Emma… ma foi, je ne sais pas !
— Vous êtes mal placée pour deviner ! Je vais vous donner la solution : M et A = Emma. »
Emma, Frank et Henriette se mirent à rire de bon cœur. Les autres personnes manifestèrent