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bell avait été différé encore une fois et Jane Fairfax ne devait les rejoindre à Londres qu’au mois d’août.

M. Knightley sentait croître chaque jour l’antipathie qu’il avait éprouvée dès le début pour Frank Churchill ; il s’était toujours méfié de lui et, à force de l’observer, il pensait avoir acquis les preuves de la duplicité du jeune homme. Emma était l’objet apparent de ses attentions ; tout le proclamait : sa propre conduite, les allusions de son père et le silence discret de sa belle-mère, mais M. Knightley le soupçonnait, au contraire, de s’occuper particulièrement de Jane Fairfax. Il avait surpris des symptômes d’entente entre eux, qui lui parurent concluants. Son attention fut éveillée pour la première fois pendant un dîner à Randalls où Jane Fairfax et les Elton étaient également invités ; à plusieurs reprises Frank Churchill avait regardé Jane Fairfax d’une façon significative et M. Knightley, malgré son désir d’éviter tout écart d’imagination, ne put s’empêcher d’être frappé d’une attitude si étrange chez un admirateur passionné de Mlle Woodhouse. Par la suite ses soupçons se trouvèrent pleinement confirmés. Trois jours après il était parti à pied pour passer sa soirée à Hartfield comme il le faisait souvent, et ayant rencontré Emma et Henriette qui se promenaient se joignit à elles ; ils croisèrent bientôt un groupe nombreux : M. et Mme Weston, Frank Churchill, Mlle Bates et sa nièce que le hasard avait également réunis. Ils marchèrent tous ensemble et en arrivant à la grille d’Hartfield Emma les pria d’entrer et de venir prendre le thé avec son père. Les Weston acceptèrent immédiatement et Mlle Bates, après avoir parlé assez longtemps, finit par se ranger à l’avis général.

Au moment où ils pénétraient dans le parc, M. Perry passa à cheval et les messieurs firent quelques réflexions sur la bête.

— À propos, dit Frank Churchill à Mme Wes-