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que plus grandes. Ma seule ambition est d’être admise dans une famille de gens bien élevés.

— Je ne me déclarerais pas aussi facilement satisfaite et je suis sûre que les excellents Campbell seront de mon côté. Vos talents vous donnent le droit de prétendre à un emploi de premier ordre. Vos connaissances en musique seules vous permettraient de dicter vos conditions ; vous devez avoir plusieurs chambres à votre disposition et garder la latitude de prendre part à la vie de famille dans la mesure que vous jugerez agréable. Pourtant je ne suis pas sûre… si vous saviez toucher de la harpe vous pourriez tout exiger… mais d’autre part la perfection de votre chant compensera cette lacune. Je vous prédis que vous obtiendrez bientôt un établissement conforme à votre mérite et présentant toutes les garanties d’honorabilité, de confort, d’agrément. Les Campbell et moi n’auront de repos qu’à ce prix.

— Ne croyez-vous pas, ma chère Madame Elton, que dans les proportions du mélange la dose d’agrément se trouvera singulièrement réduite ? Je vous suis très reconnaissante néanmoins, mais je désire que rien ne soit tenté avant l’été. Pour deux ou trois mois encore, je resterai indépendante, dans la maison de ma grand’mère à Highbury.

— Et moi je suis décidée à me servir de mes amis afin de ne laisser échapper aucune occasion à votre avantage.

L’apparition de M. Woodhouse dans le salon interrompit les assurances de Mme Elton et fournit à sa vanité un nouvel aliment.

— Voici cet aimable vieux beau ! reprit-elle, il me plaît infiniment. J’admire sa politesse surannée. Je préfère de beaucoup la courtoisie d’autrefois au sans-gêne moderne. Il m’a tenu pendant le dîner les propos les plus galants ! Il me semble que je suis en passe de devenir une de ses préférées ; il a remarqué ma robe. Comment la trouvez-vous ? C’est Célina qui l’a