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— Eh bien ! Je suppose que vous avez imposé silence à M. Cole, sans délai.

— Oui, immédiatement. Il me pria de l’excuser et parla d’autre chose.

— Je me demande de quelle manière Mme Elton désigne les Cole quand elle parle d’eux. Elle vous appelle : Knightley ! Elle doit avoir trouvé pour M. Cole un qualificatif particulièrement familier et vulgaire ! Pour en revenir à Jane Fairfax, l’excuse invoquée par Mme Weston me paraît valable et je m’explique très bien son désir d’échapper à la compagnie de Mlle Bates. Mais je ne puis, Monsieur Knightley, partager vos illusions sur l’humilité de Mme Elton ; je doute fort que celle-ci ait, à aucun moment, conscience de son infériorité : elle n’aura d’autre frein dans ses rapports avec Jane, que les préceptes d’une éducation inférieure ; elle l’insultera continuellement par ses éloges, ses encouragements et ses offres de service ; elle ne cessera pas de faire montre de sa générosité et de son intention de l’admettre à prendre part aux délicieuses excursions qui doivent avoir lieu dans le landau !

— Jane Fairfax a de grandes qualités, conclut M. Knightley, son caractère est excellent, sa patience et sa maîtrise de soi exemplaires, mais elle me paraît être plus réservée qu’autrefois. Avant l’allusion de Cole à un autre genre de sentiment, je voyais Jane Faifax avec plaisir, mais sans aucune arrière pensée.

M. Knightley se leva alors et prit congé.

— Eh bien ! madame Weston, dit Emma triomphalement après le départ de ce dernier, que reste-t-il de votre hypothèse ?

— À mon avis, ma chère Emma, M. Knightley me paraît être si préoccupé de ne pas être amoureux de Jane Fairfax que je ne serais pas étonnée si, finalement, il le devenait ! Ne me battez pas !




XXXIV


Tous les amis de M. Elton rivalisaient d’amabilité : des dîners et des soirées furent organisés à l’occasion de son mariage et les invitations se succédaient. Mme Elton eut bientôt