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ai-je répété tous les compliments qu’il m’a faits de vous l’autre jour ? »

Emma en rapportant ces propos flatteurs omit de dire qu’elle les avait encouragés. Harriet rougit de plaisir et protesta avoir toujours trouvé M. Elton très agréable ; ce dernier était précisément la personne sur laquelle Emma avait jeté son dévolu pour faire oublier à Harriet son jeune fermier. La position sociale de M. Elton lui paraissait particulièrement adaptée à la situation ; il était très comme il faut, sans pourtant appartenir à une famille que la naissance irrégulière d’Harriet pourrait offusquer. Les revenus personnels du jeune vicaire devaient être suffisants car la cure de Hartfield n’était pas importante. Elle avait une très bonne opinion de lui et le considérait comme un jeune homme d’avenir.

Elle ne doutait pas qu’il n’admirât beaucoup Harriet et elle comptait sur de fréquentes rencontres à Hartfield pour développer ce sentiment ; quant à Harriet, il lui suffirait sans doute de s’apercevoir de la préférence dont elle serait l’objet pour l’apprécier aussitôt à sa juste valeur. M. Elton, du reste, pouvait légitimement avoir la prétention de plaire à la plupart des femmes ; il passait pour un très bel homme ; Emma pour sa part ne partageait pas l’opinion générale, elle jugeait que le visage de M. Elton manquait d’une certaine noblesse qu’elle prisait par dessus tout ; mais il lui paraissait évident que la jeune fille qui avait pu être flattée des attentions de Robert Martin serait vite conquise par les hommages de M. Elton.

(À suivre.)