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mis à contribution. Malgré tout Jane persistait à refuser.

— Il faut qu’elle ait un motif sérieux pour ne pas accepter cette invitation, fut la conclusion d’Emma, elle doit être sous le coup de quelque pénitence infligée par les Campbell ; il ne lui est pas permis de se trouver avec les Dixon. Mais pourquoi faut-il qu’elle consente à vivre dans l’intimité des Elton ? C’est un second problème.

Emma fit part un matin de son étonnement aux deux personnes qui connaissaient son opinion sur Mme Elton : Mme Weston et M. Knightley.

— Elle ne trouve probablement pas grand plaisir au presbytère, ma chère Emma, répondit Mme Weston : Cependant, cela vaut mieux que d’être toujours à la maison ; sa tante est une excellente créature, mais comme compagnie habituelle, elle doit être bien fatigante. Il convient de se rappeler le milieu vit Mlle Fairfax avant de la condamner.

— Vous avez raison, Madame Weston, dit M. Knightley avec animation : Mlle Fairfax ne manque ni de discernement ni de goût : eût-elle été à même d’élire une amie, elle n’aurait certainement pas choisi Mme Elton ! Mais, ajouta-t-il avec un sourire de reproche à l’adresse d’Emma, cette dernière se montre pleine de prévenances pour elle alors que d’autres, mieux qualifiées pour intervenir, la négligent.

Emma sentit que Mme Weston lui jetait un regard à la dérobée et fut elle-même frappée du ton de M. Knightley. En rougissant un peu, elle répondit : « Les attentions dont Mme Elton comble Mlle Fairfax devraient, il me semble, l’offenser et non la toucher.

— Je ne serais pas étonnée, reprit Mme Weston, que l’empressement de la pauvre Mlle Bates à accepter les invitations de Mme Elton n’ait entraîné Jane au delà des limites que son bon sens avait fixées ; elle se fût sans doute accommodée d’une intimité plus modérée.