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— Êtes-vous sûre ? Je ne sais pas si elle a du goût : personne n’en a parlé ; de plus, j’ai horreur d’entendre chanter en italien, on ne comprend pas un mot. D’autre part, si elle joue bien, c’est qu’aussi elle y est obligée comme professeur de musique. Les Cox se demandaient hier soir si elle entrerait dans une grande famille. Comment avez-vous trouvé les Cox ?

— J’ai trouvé qu’ils avaient, comme d’habitude, l’air très commun.

— J’ai appris par eux une nouvelle, dit Henriette avec hésitation, du reste sans grande importance.

Emma fut obligée de demander de quoi il s’agissait, tout en craignant fort une réminiscence de M. Elton.

— M. Martin a dîné avec eux samedi dernier.

— Ah !

— Anna Cox a beaucoup parlé de lui ; elle m’a demandé si je comptais faire un séjour chez eux l’été prochain ; je me demande pourquoi elle m’a fait cette question.

— Elle a été impertinente et curieuse et je n’en suis pas étonnée.

— À dîner, il était paraît-il, assis auprès d’elle ; Mlle Nash croit que l’une ou l’autre des Cox serait très heureuse de l’épouser.

— C’est bien probable. Je crois que ce sont, sans comparaison, les filles les plus vulgaires d’Highbury !

Henriette ayant à faire chez Ford, Emma crut plus prudent de l’accompagner ; elle craignait une nouvelle rencontre avec les Martin qui, dans les circonstances présentes, pouvait présenter des inconvénients.

Dans les magasins, Henriette, tentée par tout ce qu’elle voyait, était toujours très longue à ses achats ; Emma la laissa en train de manier des mousselines et s’avança vers la porte pour