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si Emma se retire ce sera le signal du départ général.

— Je n’y vois aucun inconvénient, reprit M. Woodhouse, le plus tôt les réunions mondaines prennent fin c’est le mieux.

— Ne conviendrait-il pas de songer aussi aux maitres de maison, répondit M. Weston ; partir immédiatement après le thé, ce serait leur faire un affront. Vous ne voudriez pas, Monsieur, désappointer les Cole à ce point : de braves et excellentes gens qui sont vos voisins depuis dix ans !

— Non pour rien au monde, monsieur Weston, et je vous remercie de m’avoir averti. Je serais extrêmement fâché de causer le moindre chagrin aux Cole. Je les tiens en grande estime ; Perry m’a dit que M. Cole ne prenait jamais de liqueur. Ma chère Emma, plutôt que d’offenser M. ou Mme Cole, vous pourriez peut-être vous imposer l’effort de prolonger votre veille. Du reste vous serez entourée d’amis et ils vous feront oublier la fatigue.

— Pour ma part, papa, je n’aurais aucun scrupule à rester tard, si je n’avais la préoccupation de vous savoir seul. Tant que vous aurez la compagnie de Mme Goddard je serai parfaitement tranquille sur votre compte : vous aimez jouer au piquet l’un et l’autre ; mais je crains que vous ne demeuriez en bas, après son départ, au lieu d’aller vous coucher à votre heure habituelle ; cette idée me gâterait complètement ma soirée ; promettez-moi de ne pas veiller.

Il y consentit en échange d’autres promesses : elle dut s’engager à bien se chauffer avant de monter se coucher et à manger si elle avait faim ; sa femme de chambre l’attendrait bien entendu ; Serge et le domestique auraient mission de s’assurer de la fermeture des portes et du couvre-feu général.




XXVI


Frank Churchill revint le soir même ; il arriva un peu en retard à dîner, mais personne n’en sut rien. Mme Weston, en effet, était trop