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fois,

que le temps ne soit ni humide ni froid et que le vent ne souffle pas.

Se tournant alors vers Mme Weston avec un air de reproche, il ajouta :

— Ah ! Mademoiselle Taylor, si vous ne vous étiez pas mariée, vous m’auriez tenu compagnie ce soir-là !

— Eh bien ! Monsieur, dit M. Weston, puisque je suis responsable de l’enlèvement de Mlle Taylor, je m’efforcerai de lui trouver une remplaçante : j’irai à l’instant chez Mme Goddard, si vous le désirez.

La seule idée qu’on pût tenter une démarche aussi précipitée eut pour effet d’accroître l’agitation de M. Woodhouse. Emma et Mme Weston déclinèrent aussitôt cette offre et firent des propositions plus acceptables, M. Woodhouse se remit rapidement et reprit :

— Je serai heureux de voir Mme Goddard et je ne vois pas de difficulté à ce qu’Emma écrive pour l’inviter. James pourrait porter la lettre. Mais, avant tout, ajouta-t-il en se tournant vers sa fille, il faut répondre aux Cole. Vous transmettrez mes excuses, ma chère, avec toute la politesse voulue. Vous ferez allusion à mon état de santé qui ne me permet pas d’accepter leur aimable invitation ; naturellement vous commencerez par présenter mes compliments. Du reste, les recommandations sont inutiles : vous vous exprimerez, sans aucun doute, avec une correction parfaite. Il ne faut pas oublier d’avertir James ; avec lui je n’aurai pas d’inquiétude à votre sujet, bien que nous n’ayons jamais été chez les Cole depuis l’ouverture de la nouvelle route ; il sera prudent de lui donner l’ordre de venir vous prendre de bonne heure ; je suis sûr qu’une fois le thé servi vous serez fatiguée.

— Pourtant, papa, vous ne voudriez pas que je m’en aille avant de me sentir lasse ?

— Non certainement, ma chérie, mais vous ne tarderez pas à éprouver le désir de rentrer ! l’assemblée sera nombreuse, tout le monde parlera à la fois et vous n’aimez pas le bruit.

— Mais, mon cher monsieur, dit M. Weston,