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y avoir plus de cinq ou dix minutes ; j’avais mon chapeau et mon manteau et j’étais prête à sortir ; je voulais seulement descendre pour parler à Patty au sujet du porc, car ma mère craignait que nous n’eussions pas une terrine suffisamment grande ; alors j’ai dit que j’irais voir ; Jane a répondu : « Voulez-vous que j’aille à votre place, car vous êtes un peu enrhumée et Patty vient de laver la cuisine ».

— Ah ma chère, répondis-je et à ce moment est arrivée la lettre. C’est une Mlle Hawkins, voilà tout ce que je sais, une Mlle Hawkins, de Bath. Mais, M. Knightley, comment se fait-il que vous soyez déjà au courant ? D’après ce que Mme Cole me dit dans sa lettre, elle m’a écrit dès que son mari lui eut annoncé la nouvelle. Une Mlle Hawkins…

— Je me trouvais avec M. Cole, pour affaire, il n’y a pas une heure ; il venait de lire la lettre d’Elton, quand je suis entré, et il me l’a passée immédiatement.

— Vraiment, c’est tout à fait… Je ne pense pas qu’on puisse trouver une autre nouvelle d’un intérêt aussi général. Mon cher Monsieur, vous êtes trop bon. Ma mère m’a chargée de ses meilleurs compliments et de l’expression de sa considération, elle vous remercie mille fois et elle dit qu’elle se sent confuse de tant de bonté.

— Nous considérons que le porc d’Hartfield, reprit M. Woodhouse, est d’une qualité supérieure, aussi, Emma et moi, nous faisons-nous un plaisir…

— Oh ! mon cher Monsieur, ma mère dit bien que nos amis sont trop bons. Tout en ne disposant que de moyens limités, nous avons néanmoins tout ce que nous pouvons désirer. Nous pouvons bien dire que « notre destin est encastré dans un héritage de bonté ». Vraiment, Monsieur Knightley, vous avez véritablement vu la lettre originale ? Eh bien ?

— Elle était courte, mais joyeuse et triomphante