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pas de mots pour exprimer sa satisfaction et, avant qu’il eût pu répondre, M. Woodhouse dont la pensée était occupée par les Bates reprit :

— C’est un grand malheur que leurs moyens soient si restreints, un grand malheur ! Et j’ai souvent eu le désir… mais on ne peut se permettre que des petits présents insignifiants. Nous avons tué un porc et Emma a l’intention de leur envoyer une longe ou un jambon. Il est très petit et délicat (le porc d’Hartfield ne ressemble à aucun autre) mais pourtant c’est du porc et, ma chère Emma, à moins que vous ne soyiez sûre qu’elles sachent l’accommoder en côtelettes bien grillées sans l’ombre de graisse, comme les nôtres, et qu’il n’y ait pas de danger qu’elles le fassent rôtir, car aucun estomac ne peut supporter le porc rôti, je crois que vous feriez mieux d’envoyer le jambon. N’est-ce pas votre avis, ma chère ?

— Mon cher papa, j’ai envoyé tout l’arrière-train ; j’ai pensé que vous m’approuveriez ; il y aura le jambon qui est excellent et la longe qu’elles pourront préparer à leur guise.

— Très bien, ma chère, vous ne pouviez mieux faire. Surtout qu’elles ne salent pas le jambon exagérément ; s’il n’est pas trop salé et s’il est cuit à point, comme Serle nous le cuit, et pourvu qu’on en mange avec modération, je ne considère point cet aliment comme malsain.

— Emma, dit M. Knightley, j’ai une nouvelle à vous annoncer. Vous aimez les nouvelles et je viens d’apprendre un événement qui, je crois, vous intéressera.

— Oh ! oui, j’aime les nouvelles. Qu’est-ce que c’est ? Pourquoi souriez-vous ? Est-ce à Randalls que vous l’avez apprise ?

Il n’eut que le temps de répondre :

— Non, je n’ai pas été à Randalls.

(À suivre.)