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avait reçu des nouvelles de ce dernier. Inévitablement le contenu de la lettre serait révélé ; en effet, elles furent mises au courant des engagements mondains de M. Elton, de l’accueil qui lui avait été fait, etc.

Emma écouta avec tout l’intérêt voulu et se mit sans cesse en avant pour éviter à Harriet d’avoir à parler ; elle se préparait, une fois ce sujet dangereux épuisé, à entrer dans l’intimité des dames et des demoiselles d’Highbury et à assister à leurs parties de cartes ; mais elle ne s’attendait pas à voir Jane Fairfax succéder à M. Elton ; quoi qu’il en soit, ce dernier fut rapidement expédié par Mlle Bates qui l’abandonna brusquement au profit d’une lettre de sa nièce.

— Mme Cole a été assez bonne pour nous faire une longue visite : dès son arrivée elle a demandé des nouvelles de Jane, elle a une vraie prédilection pour elle. Quand Jane est ici, Mme Cole ne sait comment lui témoigner son affection. Je disais donc qu’elle avait demandé des nouvelles en arrivant : « Je sais que vous ne pouvez pas avoir des nouvelles récentes de Jane ; ce n’est pas le moment de sa lettre » et quand j’ai répondu : « Mais vraiment nous avons reçu une lettre ce matin même », je n’ai jamais vu quelqu’un de plus surpris : « Est-ce possible, dit-elle, voilà qui est tout à fait inattendu. Et que vous dit-elle ? »

Emma fit preuve de son habituelle politesse, en souriant d’un air d’intérêt et répondit :

— Je me réjouis de cette surprise ; j’espère qu’elle est en bonne santé ?

— Merci, vous êtes bien bonne ! reprit la crédule demoiselle en cherchant fiévreusement la lettre. La voici ; je savais bien qu’elle n’était pas loin, mais j’avais mis mon carnet à aiguilles dessus de sorte qu’elle était un peu cachée ; je l’avais eue en main il y a si peu de temps, que j’étais à peu près sûre qu’elle ne pouvait être que sur la table. Je l’ai lue à Mme Cole et de-