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ces limites de l’empire de Rome, tous ces fleuves et ces lacs, toutes ces barrières des antiques royaumes, à partir de la Thrace, en traversant dans toute son étendue la côte de l’Illyrie, la Vénétie, la Ligurie, la vieille Gaule, les crêtes de la Rhétie, les eaux du Rhin, les défilés des Séquanes, les plaines de la Germanie, tous ces espaces, tu les franchis d’un élan plus rapide que l’essor de mes paroles, sans goûter ni un instant de repos, ni les bienfaits du sommeil ou d’une nourriture généreuse, et tu brilles à l’improviste au milieu de tes Gaules, et tu surprends ton consul qui t’espérait pourtant, et tu devances la renommée elle-même, dont le vol dépasse le vent. Voilà ce que tu as fait pour ma vieillesse et pour ma gloire ! Le confident, l’arbitre, l’auteur suprême de ton empire et de tes pensées, Dieu a daigné permettre que ma chaise curule (dont souvent tu ennobliras le siége), que ma prétexte colorée des reflets de ta pourpre, que ma trabée où resplendit moins son or que ton bienfait, que toutes ces faveurs, si précieuses déjà pour moi, grâce à la dignité de ta lettre d’Illyrie, reçussent un nouvel éclat de ton arrivée dans les Gaules ; que ton questeur, que le préfet de ton prétoire, que ton consul, et, ce que tu préfères encore à tous mes titres, que ton précepteur enfin, après avoir été désigné par ta voix pieuse, nommé le premier par un juste motif, enrichi par tes largesses libérales, fût honoré encore de l’auguste consécration de ta présence.

Prononcé devant Gratien, auguste.